Plusieurs dizaines de soldats tchadiens de la Minusma ont quitté leur base d’Aguelhoc, pour réclamer le paiement d’arriérés de soldes et de meilleures conditions de travail. Ils se sont repliés à 100 kilomètres au sud dans le secteur d’Anifis. Déjà en septembre 2013, 160 soldats tchadiens de l’ONU, mécontents, avaient quitté leur base de Tessalit pour réclamer le paiement de leurs arriérés de soldes .
Selon des sources militaires à Bamako, ces soldats ont quitté leur base entre mardi et mercredi. Ils seraient plus de cent à avoir fait défection. Il se trouvent actuellement à Anefis entre Kidal et Gao. Ces soldats ont quitté leur base d’Aguelhoc avec leurs armes. Ils expliquent ce mouvement pour réclamer le paiement de primes et de soldes qui n’a jusque là pas été honorés, selon eux.
Certains soldats tchadiens cumuleraient « des arriérés de trois, voire quatre mois ». Un responsable du ministère malien de la Défense a déclaré que les autorités étaient « au courant de la situation » et que « des hauts responsables militaires tchadiens sont arrivés de N’Djamena pour aider à régler la situation ». « Tout est mis en œuvre pour trouver une solution », affirme-t-on.
Un responsable de la Minusma a ajouté que « des mesures d’apaisement sont en cours », sans autres précisions. Pour un certain nombre d’observateurs cette défection des soldats tchadiens est un coup dur pour les efforts de stabilisation du Nord. Selon eux , cette situation était prévisible, mais elle fragilise le dispositif d’ensemble de sécurité dans cette partie du pays.
Pr. Issa N’Diaye est philosophe, chargé de cours à l’Université de Bamako. Il est joint au téléphone par Issa Fakaba Sissoko.
« Selon les Nations unies, les primes et les salaires ont été versés aux autorités tchadiennes, et c’est à ce niveau que les choses traînent. Cela pose quelque part le débat sur le sérieux de nos états, parce que quand on envoie ses soldats se battre ailleurs, le minimum c’est de prendre des dispositions pour que des cas pareilles ne se reproduisent pas. Je pense aussi que cela doit interpeller les Nations unies pour trouver un autre système afin de verser directement aux soldats concernés leurs salaires et leurs primes, au lieu que cela transite par nos états avec tous les risques, que l’on sait, liés à toute sorte de trafic et de corruption. Il est également important de comprendre que de toutes les façon le Mali aussi doit faire en sorte que les soldats qui sont présents au front, ne connaissent pas pareilles situations parce que ça fragilise le dispositif d’ensemble de sécurité. Cela veut dire aussi qu’un état ne peut pas continuer à faire gérer sa sécurité par d’autres états. Cela est impensable. C’est à nous de restructurer notre armée et de la doter de ressources humaines surtout compétentes. Donc, c’est un impératif de souveraineté ».