Après plusieurs reports, les négociations directes entre le gouvernement du Mali et les groupes armés à Alger se sont enfin engagées ce matin. Le statut politique et institutionnel est bien sûr au centre des discussions. Mais finalement c’est sur une question de légitimité que le MNLA et ses alliés ont finalement a décidé de claquer la porte en fin de matinée.
A peine commencées, les négociations directes entre le gouvernement malien et les groupes armés sont déjà bloquées. Ces derniers ont décidé de claquer la porte en fin de matinée pour protester contre la présence dans la salle de la Coordination des Mouvements et Forces Patriotiques de Résistance (CMF-PR).
Ils ne reconnaissent pas ce mouvement comme belligérant. Ils mettent en avant l’article 4 de leur protocole d’entente du 12 septembre, qui limite les mouvements légitimes aux signataires du protocole. En l’occurrence MNLA, la CPA, le MAA dissident, la CMFPR dissident et le HCUA.
Le chargé de communication du MNLA a rappelé « qu’il ne doit y avoir que trois acteurs dans la salle : les mouvements belligérants, le gouvernement malien et la médiation ». Or, explique-t-il, la CM- FPR, « n’est pas un groupe armé et que sa position doit être clarifiée ».
Pour l’heure, la CMFPR n’a pas souhaité réagir.
Mais pour le chargé de communication du MNLA, Mohamed Ag Acharatoumane :il ne s’agit pas d’un refus de la négociation :
« Ce n’est pas la table des négociations qu’on quitte. Avant même de rentrer dans la salle, nous avons bien précisé à la médiation que nous ne souhaitons pas voir d’autres parties à part les trois mouvements armés et le gouvernement malien. Mais il se trouver que dans la salle, nous avons constaté la présence d’une organisation qui n’était pas prévue au départ. Nous avons donc mis en avant cette préoccupation, et nous l’avons mentionné à la médiation, avant de nous retirer conformément aux engagements pris avant notre entrée dans la salle. Nous pensons que dans cette salle, il doit y avoir trois acteurs : les mouvements belligérants, le gouvernement malien et la communauté internationale. Il n’y a pas de place pour une autre entité, une autre organisation. Ces gens là sont assis à côté du gouvernement malien. Comment dans cette situation, ils peuvent prétendre défendre les intérêts des populations de l’Azawad ? »
Le fédéralisme, comme statut politique de l’Azawad, revient une fois de plus dans les débats à Alger. Mais pour les observateurs, il s’agit d’une « surenchère de ces groupes ». En l’état actuel des textes fondamentaux du Mali, le fédéralisme est impossible, et sa mise en œuvre impliquerait un long processus, dont la révision de la Constitution.
Dramane Diarra est juriste, président de l’Alliance des génération démocratiques :
« Nous pouvons espérer et penser cette fois-ci que les négociations directes s’engagent pour de bon. Parce qu’il pourrait être constaté comme une sorte de lassitude de la part de la communauté internationale, qui encadre ces négociations. Aussi, même au niveau des populations, il y a une certaine lassitude . C’est vrai que les groupes armés étaient en train de vouloir gagner du temps, mais je crois aujourd’hui que cette stratégie ne leur est plus favorable.
Ce n’est pas du tout raisonnable cette revendication qui parle de fédéralisme en l’état actuel des choses. Tout va se passer dans le cadre du respect de la Constitution là. Je vais rester dans cette Constitution parce que c’est notre loi fondamentale. Parler de fédéralisme aujourd’hui, relève de quelque chose de chimérique. Il ne peut pas être réalisé. L’organisation territoriale du Mali se fait aujourd’hui dans le cadre des textes de la décentralisation. Personne n’est opposé à ce qu’on puisse approfondir la responsabilisation de ces entités territoriales. Même si on devait parvenir à ce fédéralisme, il faudrait d’abord revoir nos textes fondamentaux, dont même la Constitution ».