Un gardien de prison et un détenu ont été tués à Bamako au cours d’une évasion organisée par un touareg impliqué dans l’enlèvement de deux Français Serge Lazarevic et Philippe Verdon, en 2011. Ce dernier a réussi à s’enfuir avec une dizaine d’autres prisonniers.
Mohamed Ali Ag Wassouden, un touareg qui fait partie des auteurs du rapt de deux Français en 2011 dans le nord du Mali, a organisé lundi une évasion de la prison civile de Bamako. Grâce à des complicités extérieures, il avait pu se procurer une arme avec laquelle il a tué un gardien avant de prendre la fuite en compagnie d’une dizaine d’autres prisonniers qui n’ont toujours pas été retrouvés. Des gardiens de la prison de Bamako ont raconté comment s’était déroulée l’évasion du touareg et des autres détenus. L’un d’eux a été aspergé de gaz lacrymogène lorsqu’il a ouvert la cellule de Mohamed Ali Ag Wassouden dans le quartier de haute sécurité. Puis l’homme a sorti une arme et a tiré sur le gardien qui est mort un peu plus tard à l’hôpital. Selon les témoignages des gardiens « le quartier de haute sécurité de la prison de Bamako étant éloigné de la sortie, le détenu touareg a tiré en l’air pour l’atteindre. Ces coups de feu ont provoqué la panique. Les autres détenus en ont profité pour créer une mutinerie. « Au moins une vingtaine de prisonniers ont pris la fuite, mais neuf ont été rattrapés » selon des gardiens.
Indignation et incompréhension chez les associations de défense des droits de l’homme après l’évasion du présumé jihadiste Mohamed Ali Ag Wadossene. Pour le président de l’Association malienne des droits de l’homme, une enquête sérieuse doit situer les responsabilités de cette évasion.
Le président de l’AMDH, Me Moctar Mariko, joint par Issa Fakaba Sissoko :
« Nous sommes vraiment indignés, sinon au désarroi par cette évasion. Car, si ce genre de criminel parvient à s’échapper suite à un tel événement, il va être reversé dans la nature, donc il n’y aura plus de sécurité pour les populations. Mais ceci dit, au Mali chaque fois qu’on parle de réforme de la justice, on oublie les prisons. Or la prison c’est l’aboutissement même du processus de la justice. Cette prison de Bamako, je pense, construite pour 500 personnes est en train de recevoir plus de 2.000 pensionnaires. Ça, c’est quelque chose que l’on doit voir.
Le fait que ce monsieur ait pu se procurer un pistolet automatique dans sa cellule alors qu’il était enfermé, suppose incontestablement qu’il y a une complicité soit parmi les surveillants de prison, soit par une personne influente qui peut vraiment accéder à ce détenu sans qu’il ait vraiment un réel contrôle. Il faudrait qu’il y ait une réelle enquête, c’est à dire que si on commence, il faudrait qu’on aille jusqu’au bout ».