Primature : Modibo Keïta remplace Moussa Mara
Le nouveau Premier ministre du Mali

Primature : Modibo Keïta remplace Moussa Mara

Le président malien Ibrahim Boubacar Keïta, a nommé hier au poste de Premier ministre Modibo Keïta, qui remplace Moussa Mara. Celui-ci, était chef du gouvernement depuis le 5 avril 2014. Il a présenté sa démission dans la journée. Son successeur Modibo Keïta avait déjà dirigé le gouvernement malien entre mars et juin 2002, sous la présidence d’Alpha Oumar Konaré.

Le nouveau Premier ministre malien Modibo Keïta, est une personnalité respectée qui a déjà exercé ces fonctions en tant que chef de gouvernement. Agé de 73 ans, ce natif de Kolikoro a commencé sa carrière comme instituteur en 1963, avant d’entrer au gouvernement, d’abord comme directeur de cabinet du ministre de l’Education nationale entre 1979 et 1982, puis comme ministre de l’Emploi de 1982 à 1986, avant d’avoir la charge des Affaires étrangères de 1986 à 1989. Marié et père de cinq enfants, il a également exercé les fonctions d’ambassadeur, ainsi que de secrétaire général de la présidence sous Alpha Oumar Konaré.

Modibo Keïta a été nommé en avril « Haut représentant » du président pour les pourparlers de paix lancés en juillet à Alger entre le gouvernement et les groupes armés du nord du pays, censés aboutir très prochainement à un accord de paix.

L’opposition malienne avait à plusieurs reprises réclamé le départ de l’ancien Premier ministre Moussa Mara. Notamment après sa visite à Kidal en mai dernier et suite aux scandales financiers liés à l’achat de l’avion présidentiel. Aujourd’hui, elle se réjouit « que le président IBK ait pris ses responsabilités ».

Djiguiba Keïta dit « P.P.R » est secrétaire général du PARENA. Il a été joint par Issa Fakaba Sissoko.

« L’histoire nous a donnés raison, parce que la revendication que nous avions faite était bien légitime. Le Premier ministre venait de conduire une mission au Nord dont les conséquences ont été l’humiliation de l’armée, de la nation malienne, et les pertes en vies humaines et matérielles. Toutes chose qui, dans une démocratie normale devraient amener Moussa Mara à démissionner. A défaut de le faire IBK devait le limoger. Ce qui n’a pas été fait. Lui même devait tirer les leçons de certains mensonges avérés, notamment dans l’achat de l’avion présidentiel. Malheureusement rien de tout cela n’a été fait, et c’est le peuple malien qui a perdu, car nous avons perdu le Nord. Et les conséquences, nous les vivons aujourd’hui à Alger où nous sommes en position de très grande faiblesse pour négocier un accord de paix. Mieux vaut tard que jamais. Moussa Mara a fait sept mois de résistance acharnée pour rester à un poste qu’il ne méritait pas. Maintenant qu’il est parti, nous souhaitons bon vent au nouveau Premier ministre ».

Le changement de gouvernement n’affecte en rien le processus d’Alger selon un certain nombre d’ observateurs. Au contraire, le choix du Haut représentant du chef de l’Etat, comme nouveau Premier ministre, augure la signature probable d’un accord définitif très prochainement. C’est une position que partage Me Amadou Tiéoulé Diarra, avocat au Barreau malien et chargé de cours à l’Université de Bamako. Il est interrogé par Issa Fakaba Sissoko.

« Le départ du gouvernement ne va pas affecter le processus des négociations. Bien au contraire, on n’est pas loin d’un accord même si on ne connaît pas le contenu. Mais il est clair que la nomination de Modibo Keïta préfigure la signature d’un accord définitif. L’absence du Haut représentant ne devrait pas avoir de conséquences sur le processus des négociations.

Sur la question du choix d’un Premier ministre en dehors du RPM (parti majoritaire), si l’on se réfère au droit constitution pur, on comprend qu’il y a un hiatus entre son choix et les règles constitutionnelles. Mais je crois que, quand on nomme quelqu’un de sa trempe comme Premier ministre, le président de la République a du prendre en compte beaucoup de valeurs sociales en jeu pour la stabilité du pays. On sort donc du domaine du droit constitutionnel pour rentrer dans la science politique, pour dire que les deux ne riment pas parfois, même si ce sont les mêmes matières de base ».