L’option de dialogue avec les jihadistes ne fait pas l’unanimité au Mali
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L’option de dialogue avec les jihadistes ne fait pas l’unanimité au Mali

Les autorités de la transition ont annoncé leur volonté de négocier avec les jihadistes, notamment Iyad Ag Ghaly et Amadou Koufa. C’est le Haut Conseil islamique du Mali qui a été mandaté pour ouvrir des discussions avec ces chefs jihadistes. Cette nouvelle est diversement appréciée au sein de la classe politique. Si certains encouragent l »iniiative, d’autres pensent qu’elle mettrait en mal certaines valeurs du pays.

Le parti convergence pour le développement du Mali CODEM, pense que les négociations sont, pour le moment, la seule issue pour la paix.
« C’est une très bonne décision parce que les rapports de force ne sont pas à notre faveur. Si l’État ne négocie pas, ce sont les populations elles-mêmes vont s’en charger», affirme Alassane Abba, secrétaire général de la CODEM. Il estime que « c’est ce qui est en train d’ailleurs de se passer aujourd’hui ». Pour le secrétaire général de CODEM « mieux vaut négocier de façon globale».

Pourtant certains partis politiques émettent des réserves sur cette option de négocier avec les jihadistes, Ils craignent que celle-ci n’aboutisse à l’application pure et simple de la charia. « On ne doit pas l’accepter. Nous sommes dans un pays laïc. Jusqu’à preuve du contraire, la constitution du pays dit que le Mali est un pays laïc. Et qui dit pays laïc ne peut pas parler d’ingérence religieuse. Je l’ai même dit pendant la table ronde», martèle Dr Aminatou Touré, secrétaire adjoint du parti MODEC (Mouvement pour un destin commun). Selon elle, il faut laisser la charia de côté. Et ne pas mêler gouvernance et religion.

Des observateurs estiment aussi qu’il faut tracer des lignes rouges à ne pas franchir, malgré le besoin pressant de faire la paix. « Nous ne savons pas exactement ce que ces groupes demandent. Cette demande elle n’est pas clairement définie ». fait constater Boubacar Bocoum. « Je pense que s’il y a négociations, que l’État se mette dans une posture républicaine. C’est à dure que le Mali en aucune façon ne pourra être un pays islamique », ajoute-t-il

Le dialogue national inclusif tenu en décembre 2019 a recommandé l’ouverture des négociations avec les jihadistes maliens. Mais cette recommandation n’a jamais été mise en œuvre par l’ancien régime.
Le dialogue avec les groupes jihadistes maliens est certes une recommandation du Dialogue national inclusif de 2019. Cependant la nécessité de ces négociations, les concessions envisageables et le contenu d’un possible accord divisent aujourd’hui les Maliens. Si certains estiment que ce dialogue pourrait apporter la paix. D’autres croient que c’est un piège car, pour eux, il n y a rien de négociable avec les groupes djihadistes .

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