Projet d’accord : la CMA refuse de signer sans le confirmer officiellement
Les leaders des mouvements armés de la coordination

Projet d’accord : la CMA refuse de signer sans le confirmer officiellement

Toutes les commissions de travail constituées par la Coordination des Mouvements de l’Azawad ont rejeté l’accord de paix préliminaire proposé le 1er mars à Alger. Elles estiment que ce texte ne s’attaque pas aux racines du conflit. Toutes fois la CMA n’a toujours pas fait de déclaration définitive.

La Coordination des Mouvements de l’Azawad déplore que l’accord d’Alger, rédigé après huit mois de discussions, ne réponde pas à ses attentes. Moussa Ag Assarid, représentant de la CMA auprès de l’Union européenne précise que « toutes les commissions qui ont travaillé sur le document pensent qu’il ne peut apporter la paix». Pour autant il dit que son organisation est disposée à poursuivre les discussions avec Bamako pour trouver un document « acceptable et réaliste ». Mohamed Ousmane Ag Mohamedoure chargé de communication de la CMA a confirmé cette position, tout en précisant que la Coordination ne souhaite pas s’exprimer avant une rencontre avec la médiation. Moussa Ag Assarid a indiqué que la direction de la CMA remettrait sa réponse détaillée à des «diplomates qui doivent se rendre mardi à Kidal ».

Selon la CMA, ce sont les différentes commissions de travail qui ont rejeté le projet d’accord d’Alger parce qu’il ne répond pas aux attentes de leurs représentants. La coordination, elle, doit se prononcer très prochainement.
Attaye Ag Mohamed, coordinateur de la commission droits de l’Homme au MNLA, joint par Sékou Gadjigo
« La population dans sa généralité a surtout exprimé son souhait de voir l’Azawad apparaître dans le document comme une entité politique, juridique et territoriale. Donc la CMA a pris note de cela et elle va se prononcer dans les prochains jours. Il y a une délégation internationale qui va arriver à Kidal bientôt, constituée des membres du conseil de sécurité, des ambassadeurs de pays membres de la médiation internationale, des Nations Unies et de l’Union Européenne. Il y aura des échanges sur certains points essentiels qui sont vitaux pour que la paix puisse être réelle dans le pays, parce qu’ici la population a dit son mot, les membres de la CMA l’ont écouté et la CMA essaie elle aussi de faire de son mieux pour qu’on ne pense pas qu’elle sort du processus de paix ».

Pour le juriste-chercheur Baba Dakono, cette situation est un retour à l’impasse bien qu’aucune solution ne soit à écarter. Toutefois selon lui, la diplomatie va se poursuivre compte tenu de la multitude des acteurs impliqués dans cette crise.
Baba Dakono joint par Sékou Gadjigo
« Il y a deux choses : la première chose c’est que la multitude d’acteurs qui interviennent aujourd’hui dans la recherche de solutions peut servir comme elle peut desservir aussi. Chacun de ces acteurs a son agenda qui peut être différent de l’agenda du Mali ou de celui des groupes armés. Donc c’est une solution, mais c’est aussi un problème. On est tenté d’aller vers la solution de ce qui prévalait quand on était totalement dans l’impasse où il y avait les groupes armés terroristes, c’est-à-dire on fait la paix en préparant la guerre. On a entendu ces derniers temps certaines personnes parler de gel de positions, mais je crois qu’on est pas encore arrivé là. Au niveau de la communauté internationale, il y a des discussions en cours à Niamey, d’autres en Algérie et même avec l’Union Européenne. En fait la diplomatie continue toujours, mais je pense qu’aucune option n’est à écarter parce que nous sommes dans une véritable impasse ».