Comité de suivi de l’accord: blocage au niveau de la représentativité des mouvements
Comité de suivi de l’accord de paix

Comité de suivi de l’accord: blocage au niveau de la représentativité des mouvements

Les travaux du Comité de suivi de l’accord de paix ont pris fin hier. Cette deuxième journée a été consacrée aux rapports des sous-commissions qui ont fait des propositions pour les questions de défense, sécurité et réconciliation.

Le comité a également débattu la question relative au budget. Cependant, la représentativité des groupes au sein du comité pose toujours problème. Malgré une proposition de la médiation faite aux groupes hier, des divergences existent toujours sur cette question. Mais selon la médiation, un groupe de contact a été mis en place pour continuer les discussions avec les mouvements concernés. Chéaka Abdou Touré, est le représentant spécial de la CEDEAO au Mali, membre de la médiation. Il est joint au téléphone par Sékou Gadjigo :

«Dans le règlement intérieur, il est accordé six places à la CMA, six places à la Plate-forme et c’est exactement six places aussi qui sont réservées à l’ensemble des groupes qui sont là. Maintenant il appartiendra à ces groupes de se repartir les six places, dont deux places au niveau du CSA et quatre places au niveau des sous-groupes. Donc c’est cette proposition qui a été soumise. Mais ils ont voulu que les réflexions soient approfondies pour voir s’il y a d’autres paramètres qui devaient être pris en compte. Mais comme la médiation devrait terminer les travaux, nous n’avons pas pu approfondir ces réflexions. Mais le groupe de contact conduit par le président Buyoya reste disposer pour poursuivre les discussions à ce niveau».

Pour les mouvements signataires du 15 mai regroupés au sein de la COMPIS 15, cette proposition de la médiation est inacceptable. Le coordinateur de la COMPIS 15 estime que toutes les parties doivent bénéficier du même nombre de places au sein du comité. Mouhamed Ousmane Ag Mohamedoune est joint au téléphone par Sékou Gadjigo :
«Nous avons accepté en premier point d’intégrer une des parties ensemble, la CMA ou la Plate-forme. Mais notre quota de représentativité, on devait le discuter directement avec la médiation et l’autre partie, le gouvernement. Et que ce n’était pas un problème pour la CMA et la Plate-forme. Malheureusement il est sorti une proposition qui prétend être une offre faite par la CMA et la Plate-forme malgré qu’on ait eu un compromis ensemble. On a dit qu’on n’est pas d’accord. Imaginez la COMPIS-15 avec sept mouvements, des armés, des combattants. On leur demande de se faire représenter par six personnes dans le comité de suivi contre vingt-deux pour la Plate-forme et vingt-deux pour la CMA. Voyez vous-même la disparité. Pourquoi ce déséquilibre ? Sept mouvements suffisamment représentatifs qui ont une légitimité assez énorme et importante sur tous les plans. On leur dit contentez-vous de six personnes contre vingt-deux pour la CMA et vingt-deux pour la Plate-forme, voyez vous-même le déséquilibre on ne saurait l’accepter».

Face à cette situation, certains observateurs craignent «une alliance de la CMA et la Plate-forme contre le gouvernement». Ces analystes estiment que «les deux mouvements armés veulent maintenant une crise qui va mettre le gouvernement malien en position de forfaiture par rapport aux engagements qu’il a pris dans le cadre de l’accord d’Alger». Abdoulaye Niang est le Directeur du centre de recherche et d’étude stratégique. Il est joint au téléphone par Assetou Kanté :

«La situation que nous vivons est une étape, dans la série de crises. À partir du moment où on élaborait l’accord, on a fait une bonne analyse des causes profondes. On n’a pas identifié les relations sur le fond. Il est évident qu’au fur à mesure que nous allons progresser dans la mise en œuvre, on ira d’une crise à une autre crise. Et puis le plus important, c’est qu’ils utilisent cette phase de la crise pour être unis dans l’action, je veux dire la Plate-forme et la CMA. Et d’exclure d’autres groupes sociaux de la communauté des localités du nord. On peut le prendre dans sa globalité en regroupant Kidal, Gao et Tombouctou. Ce qu’il faut comprendre dans ça, c’est qu’ils vont se rallier contre maintenant le gouvernement de la République du Mali. C’est-à-dire, qu’il faut savoir que le seul blocage, la seule crise qu’ils sont en train de viser, c’est la crise qui permet de mettre le gouvernement du Mali en position de forfaiture par rapport aux engagements qu’il a pris dans le stade de l’accord issu du processus d’Alger».