Fraude fiscale : l’Etat malien réclame 42 milliards à Randgold
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Fraude fiscale : l’Etat malien réclame 42 milliards à Randgold

Le groupe minier Randgold sommé de régler ses factures d’impôts avant une semaine. Le ministre malien de l’Économie et des Finances, Boubou Cissé, veut contraindre la compagnie minière à régler son redressement fiscal. Dans un entretien accordé au magazine Jeune Afrique, le ministre a déclaré que Randgold a une semaine pour s’acquitter de ses pénalités consécutives à la non déclaration de la TVA.

A l’origine du différend le non acquittement par la compagnie de certaines pénalités. Selon le ministre Boubou Cissé, la Société des mines de Loulo (Somilo), une filiale de Randgold opératrice de la mine d’or de Loulo à l’ouest du pays, doit à l’Etat malien 27 milliards FCFA au titre de la non déclaration de la TVA.
Pourtant, explique Boubou Cissé, deux redressements fiscaux ont été imposés à la société dans les années 2000 et l’un de ses comptes avait même été saisi en 2011. Le ministre menace cette fois-ci de saisir les expéditions d’or de la compagnie si elle ne règle pas le solde de ce redressement fiscal. Le bureau administratif du groupe a déjà été fermé.
Les autorités maliennes réclament à la compagnie minière 42 milliards FCFA au titre des pénalités. Et selon le ministre, Randgold aurait d’ailleurs déjà remboursé 15 milliards de F CFA au Trésor public, il y a un mois et demie.
Toutefois, le ministre malien se dit ouvert à des discussions avec Randgold à condition que celle-ci puisse présenter des pièces justificatives.
De son côté, Randgold maintient « qu’une grande partie des réclamations fiscales reçues de l’État du Mali et concernant ses opérations dans le pays sont sans mérite ou sans fondement ».
Joints par notre rédaction, les responsables de Randgold n’ont pas souhaité réagir malgré nos différentes sollicitations.
Pour certains économistes cette décision de fermeture de Randgold par les autorités est « salutaire ». Selon eux, « elle constitue un signal dans la lutte contre la fraude fiscale et la complaisance jusque-là exprimée à l’endroit de certaines entreprises ». Toujours selon ces analystes, les conséquences d’une éventuelle fermeture des sociétés minières ne doivent pas être une raison d’encourager le « laxisme » vis à vis de certaines sociétés.

Etienne Fakaba Sissoko est économiste au Centre de recherche et d’analyse politique, économique et sociale. Il a été joint par Sékou Gadjigo.
«Lorsque les sociétés minières arrivent au Mali, il y a énormément d’avantages qui leur sont accordés compte ténu de l’importance de leur secteur d’activité, mais aussi compte tenu surtout de leur impact sur notre économie. Entre autres avantages, il y a les exonérations fiscales, et certaines vont jusqu’à déposer des provisions fiscales. Donc sur ce point là, il est important de signaler que toutes les conditions qui doivent être réunies pour permettre à ces entreprises multinationales de produire au Mali de façon efficace sont là et qu’en retour, elles doivent simplement s’acquitter de leur devoir fiscal. Aujourd’hui, on ne peut pas continuer avec l’incivisme fiscal que nous avons vu depuis plusieurs années. Nous ne pouvons plus continuer avec ce laisser-aller parce que nous avons des potentialités, il faut aller les chercher même si cela doit passer par la fermeture des bureaux d’une société, même de Randgold, moi je ne vois pas de problèmes »